Je suis peut-être la seule personne qui vient les voir": à Draguignan, les visiteurs de malades recherchent des bénévoles

Tenue rouge vif, sourire aux lèvres, badge vert VMEH (Visite des malades en établissements hospitaliers et des résidents en Ehpad), Geneviève Scher ferait presque oublier le lieu froid et le parfum d’hôpital. Tel un rayon de soleil, elle se balade de chambre en chambre pour apporter la dose de réconfort et d’attention aux patients isolés du Centre hospitalier de la Dracénie (CHD). Cette fois-ci, la visite se concentre au service post-urgences. Une partie de l’hôpital qu’elle affectionne particulièrement.
"Vous nous aviez manqué!", s’exclame le personnel du service à la vue de Geneviève. Réponse immédiate: "On se sent à l’aise ici. Vous êtes une équipe très sympathique, les patients vous apprécient", lance-t-elle aux trois aides-soignantes croisées dans le couloir.
Ici, tout le monde la connaît. Depuis 1983, elle est à la tête de la section départementale de l’association VMEH. "Je suis peut-être la seule personne qui vient les voir. Les personnes âgées aiment parler de ce qu’elles ont vécu, et moi j’aime les écouter!", résume-t-elle.
Du donnant-donnant répété chaque semaine, depuis 43 ans désormais. Mais à 79 ans, Geneviève Scher alerte. "On était dix avant la Covid." Interdite d’accès pendant deux ans en raison de la crise sanitaire, l’équipe s’est progressivement réduite. Jusqu’à ce que la septuagénaire se retrouve seule en charge du secteur dracénois. "On manque de bénévoles à l’échelon national. C’est devenu une denrée rare et périssable." Alors, un appel à candidatures pour de nouveaux bénévoles est lancé.
Un don de soi pour l’autreSi "on ne possède que ce que l’on donne", comme l’écrivait André Gide, alors Geneviève Scher possède sans limite. "Madame Scher, vous êtes toujours en activité, vous êtes infatigable. Il faut penser à vous... Vous n’avez pas changé, vous vous êtes même embellie", lance un patient sensible au temps que cette dernière lui accorde. "Avec le bénévolat, on reçoit plus que ce que l’on donne. C’est une belle aventure."
À la question de la raison de son investissement: "J’aime aider, ça ne s’explique pas". Et comme elle aime le rappeler: "Donner, c’est recevoir."
Au fil du temps, Geneviève Scher s’est formée en autodidacte pour optimiser au mieux la quintessence de chaque rencontre. Un apprentissage de la vie qu’elle est disposée à transmettre aux futurs bénévoles. "Il faut être disponible et aimer le contact", détaille-t-elle.
D’autres critères sont requis. Il faut avoir au moins 18 ans, être motivé, être disponible, avoir le sens de l’écoute, s’engager à respecter la charte du bénévolat et les valeurs de VMEH. Enfin suivre la formation proposée par l’association.
Geneviève Scher constate à contrecœur une baisse des dons à destination de la structure. Un manque d’argent dont la conséquence directe est la disparition de journées thématiques chères à cette philanthrope. "Habituellement, je commande des grands pains d’épices d’Alsace pour le Noël des malades. Le 1er mai, c’est le muguet, mais ça coûte cher. Je n’ai pas pu faire la fête des mères en offrant une fleur à toutes les patientes, ni le 1er mai, parce que je n’ai pas de bénévoles", confie-t-elle avec tristesse.
VMEH, une association vieille de 390 ansLe mouvement débute à l’hôpital en 1634 lorsque Louise de Marillac décide de créer l’œuvre de la visite des malades dans les hôpitaux (OVMH). L’initiative est ensuite déclarée association loi 1901 en 1933. En 2007, elle est reconnue d’utilité publique avant de devenir en 2009 la Fédération VMEH.
Présentée comme une association humanitaire de proximité, elle vise à apporter aux personnes isolées une présence chaleureuse. Elle cherche également à améliorer l’expérience patient avec l’aide des soignants et à défendre les droits des usagers en milieu hospitalier et médico-social.
Pratique : Pour s’engager, contactez Geneviève Scher au 06.70.70.09.89. Pour faire un don en ligne précisez l’association départementale VMEH que vous souhaitez soutenir: vmeh.fr
Var-Matin